Nantes-Caserne Mellinet
Située à l’est du centre-ville, entre le faubourg Saint-Clément et Dalby, la caserne Mellinet a été désertée par les militaires depuis 2010.
Elle devrait être transformée en nouveau quartier – plus de 1700 logements sont prévus et leur construction devrait commencer en 2016-2017.
D’ici là, le site est muré et gardienné.
Un groupe nantais d’adeptes de l’urbex – l’urban exploration, c’est à dire la visite de friches en tous genres – a pu la visiter pendant les Journées du Patrimoine.
Avant la caserne, il y avait déjà un domaine, appelé l’Eperonnière, alors situé quasiment à l’extérieur de la ville. Sa chapelle, Saint-Jean de Lesperonnière, existait déjà au XVe siècle ; c’est la famille Chauvin de Léperonnière qui en disposait.
En 1594, le château appartenait au duc de Mercoeur, vaillant ligueur et gouverneur de Bretagne.
Sous la Terreur, comme la Marière et le Plessis-Tison – actuellement le lycée Blanche de Castille – elle accueille une prison où en 1794 « elle renferme quatre cent femmes ou enfants de la campagne, dans un état de maladie plus ou moins grave ».
Après le 27 juillet 1794, elle est transformée en hospice et nommée « l’Hôpital des Réfugiés ». La municipalité de Nantes nourrit 234 ex-prisonnières malades. Après la Révolution, l’Eperonnière accueille un couvent, celui des Dames du Sacré-Coeur. Elles rénovent en 1833 une petite chapelle qui existait avant la révolution.
La loi de 1905 chasse les sœurs au profit des militaires, et ainsi débute l’histoire de la caserne.
5 000 harkis transférés en France par l’Armée
La Guerre d’Algérie, qui s'est déroulée de 1954 à 1962, a vu la participation de nombreux supplétifs musulmans, connus sous le nom de harkis, aux côtés de l'Armée française. Quantifier précisément le nombre de ces supplétifs reste complexe.
Selon le général Maurice Faivre, le nombre de harkis s’élevait à environ 63 000.
À ce chiffre s’ajoutaient 8 500 membres des Groupements mobiles de police rurale (GPMR) et des Groupes mobiles de sécurité (GMS), 19 700 moghaznis des Sections administratives spécialisées (SAS), 62 000 membres des Groupes d’autodéfense (GAD) et 76 000 hommes des Unités territoriales.
En outre, le général Faivre estime qu'entre 100 000 et 150 000 autres Français musulmans se seraient engagés aux côtés de l'Armée française, en plus des 160 800 supplétifs.
Transfert des harkis en France
Avec la fin de la guerre et les accords d'Évian signés en mars 1962, la situation des harkis devint particulièrement précaire.
Redoutant des représailles de la part du Front de libération national (FLN), un grand nombre d'entre eux chercha à quitter l'Algérie.
Entre juin et septembre 1962, environ 25 000 harkis furent transférés en France par l’Armée française.
En parallèle, 63 000 autres furent exfiltrés par des réseaux clandestins.
Camps de transit et d’hébergement en France
Pour accueillir ces milliers de réfugiés, la France mit en place dès juin 1962 six camps de transit et d’hébergement répartis sur le territoire :
Bias (Lot-et-Garonne), Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), La Rye (Vienne), Le Larzac (Aveyron), Saint-Maurice l’Ardoise (Gard) et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
En outre, trois prisons désaffectées furent également réquisitionnées pour cet accueil : celles de Cognac, de la citadelle d’Amiens et de la caserne Mellinet, rue de la Mitrie à Nantes.
La prison militaire de la rue de la Mitrie
Entre 1962 et 1966, la prison désaffectée de la caserne Mellinet à Nantes hébergea 34 familles et des célibataires, soit un total de 160 personnes, dont 72 enfants. La gestion de ce site était assurée par des militaires.
Fermeture des camps et prisons
Le 6 août 1975, la décision de fermer ces camps et prisons fut actée, et leur fermeture effective eut lieu à la fin de la même année.
Ces sites, qui avaient servi de refuge temporaire pour de nombreux harkis et leurs familles, marquent un épisode difficile et souvent méconnu de l’histoire franco-algérienne.
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À nos chers disparus...
أدخل الله الحركيين وأراملهم وعائلاتهم في جنته الواسعة، آمين.
Vidéo du 06/02/1965 : Les Harkis à Nantes