De Salah, fils d’un ancien supplétif de l’armée française,
Né à Nantes, témoin des luttes et des silences,
En hommage à mon père et ma grand-mère,
Reposant en paix dans le carré musulman d’Orvault.

Ô vous, Harkis, nos aïeux oubliés,
Exilés d’une terre où vos cœurs reposaient,
L’Algérie blessée, mère de vos ancêtres,
Vous a vu partir, le destin à soumettre.

Mon père, engagé en des temps de tourments,
De 1958 à 1962, sous un ciel brûlant,
A servi une patrie qu’il pensait aimante,
Mais qui l’a trahi, dans l’ombre accablante.

Réengagé à Nantes, terre d’espérance,
Il fut relégué dans une prison en errance,
Rue de la Mitrie, où l’écho des barreaux
Résonnait de silences, d’espoirs en lambeaux.

Ma mère, vaillante, aux côtés de son époux,
Ma grand-mère, fière, malgré les coups,
Ont partagé le poids d’un exil imposé,
Sous un ciel français où tout semblait brisé.

Dans des camps austères, où le vent s’engouffrait,
Le froid et la boue tenaient leur palais.
Des enfants mouraient, des rêves s’éteignaient,
Sous des toits précaires, l’avenir se taisait.

Les livres d’histoire n’écrivent que des ombres,
Leurs luttes et leurs peines, en silences, se fondent.
Ces vies dérangent, reflets d’un passé complexe,
D’une France divisée, d’un récit qui s’efface.

Mais moi, Salah, fils de cette mémoire,
Je porte leur flamme, leur honneur, leur histoire.
Je jure, par leurs noms, de briser le silence,
De crier leur vérité, avec force et vaillance.

À vous, Harkis, et à vos familles dignes,
À vos sacrifices, à vos luttes malignes,
Hommage éternel, gravé dans nos âmes,
Votre courage brille comme une éternelle flamme.

Mon père et toi, ma grand-mère,
Reposez en paix sous ce ciel clair.
Dans le carré musulman, à Orvault, vos tombes,
Portent l’écho des luttes que le silence encombre.

Honneur et fidélité, à vous, à vos luttes,
À vos vies éteintes sous le poids de l’injuste.
Nos âmes s’unissent pour crier la vérité :
Hommage à vous, Harkis, porteurs de dignité.

Aux Harkis,

serment d’honneur et de mémoire